CHAPEAU LE MAITRE!


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Gérard Pons et ses élèves

Après 28 ans à l’école de La Blaquière, Gérard Pons, collègue et ami depuis toutes ces années a pris sa retraite.
Ci-dessous l’entretien qu’il a eu avec P. Primi de Nice Matin où il revient sur un métier qu’il « aime passionnément« .

28 ans dans la même école! Et en plus dans un quartier réputé difficile. C’est un exploit?

Pas du tout. C’est une chance car j’en retire aujourd’hui tout le bénéfice: de la reconnaissance à l’état pur, de la part des parents qui ont fréquenté nos classes; et de leurs enfants qui sont à leur tour nos élèves.
Imaginez le chemin parcouru ensemble: la confiance est solidement établie.

D’où veniez-vous lorsque vous êtes arrivé à La Blaquière en 1979?

Je suis Grassois, mais j’avais déjà derrière moi sept ans d’enseignement dans la région niçoise: dans une classe unique à Cros d’Utelle et des fonctions de modulateur à l’école d’application de Cimiez.

Comment s’est passée votre installation à La Blaquière?

Très rapidement, j’ai apprécié ce quartier et sa population jeune qui correspondait à la structure d’un grand village. Mon épouse enseignait à la maternelle, nous avions un logement de fonction à l’école. Nos deux enfants ont grandi ici.

Pour vous, le quartier est-il toujours aussi agréable?

Bien sûr, la construction de nouveaux bâtiments l’a sensiblement modifié. Les difficulté de beaucoup de familles se sont accrues et la mixité sociale qui était réelle au début a reculé.
Mais il reste cependant un quartier à dimensions humaines.

Pourquoi alors selon vous a-t-il mauvaise réputation?

Je dirai: injustement. Je peux témoigner des difficultés que rencontrent mes élèves depuis de nombreuses années: perte d’emploi des parents, séparations, maladies. Les milieux à revenus modestes sombrent alors sans transition dans la précarité; les résultats scolaires suivent…
Est-ce cela qui est mal compris, mal perçu? Sûrement.
Je ne cesse de répéter à mes élèves quand nous sortons: « Vous êtes condamnés à une tenue irréprochable en raison de cette rumeur injuste. Vous n’avez surtout pas à rougir car vous êtes exemplaires ».

Avez-vous des idées pour favoriser la réussite des élèves?

Oh oui! Savez-vous qu’en 28 ans, l’école n’a subi aucun acte de malveillance? La fête annuelle est un rendez-vous où l’ensemble de la population se retrouve. Cette école est considérée comme un sanctuaire.
On pourrait en profiter pour y dispenser des cours d’alphabétisation pour adultes, créer ou transférer un emploi stable de bibliothécaire et une annexe de la bibliothèque centrale comme à St-Antoine; augmenter les sorties éducatives; étendre les cours de soutien; favoriser la mixité sociale. Pourquoi ne pas imaginer aussi une école expérimentale ou pilote? La facture serait moins lourde.

Y a-t-il des méthodes pour « durer » dans une école comme celle là?

Ce sont les mêmes partout: être à l’écoute, respecter, partager, ne pas ménager sa peine.
Il y a ici une équipe formidable, soudée, complice, volontaire. La motivation est forte parce qu’ici plus qu’ailleurs nous avons le sentiment de délivrer le passeport pour l’avenir.

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