De 1941 à 1944, les Grecs résistèrent massivement et héroïquement à une triple occupation d’une particulière violence: de l’Allemagne nazie, de l’Italie fasciste et de la monarchie bulgare.
Le pays fut démembré, saigné -500 000 morts de faim- et ravagé: 1770 villages brûlés. A la Libération, plus d’un million de personnes (sur 7,3 millions d’habitants) sont sans abris.
Les pertes humaines dues à la Seconde guerre mondiale représentent 7% de la population grecque (10% en URSS, 8% en Allemagne, 1,5% en France).
La Résistance s’organisa immédiatement et puissamment autour de l’EAM-ELAS impulsés par le Parti Communiste de Grèce (KKE) qui réussit à rassembler autour d’un programme social antifasciste toute les couches de la population.
Dans « la Grèce libre », l’immense majorité du territoire national qui était sous son contrôle, l’EAM-ELAS mis en place de nouvelles structures autogestionnaires et de nouvelles relations sociales. Pour la première fois dans l’Histoire, les femmes eurent le droit de vote et participèrent à égalité aux décisions.
Athènes fut la seule capitale, avec Tirana, à se libérer seule, sans la présence d’aucune armée étrangère.
Mais, alors que la Guerre est loin d’être terminée, début décembre 1944, le pays va connaître des heures tragiques que l’on appellera « Dekemvriana » (Δεκεμβριανά), « les évènements de Décembre ».
W. Churchill détourne des moyens considérables du front pour écraser les partisans grecs avec l’aide des miliciens anciens collaborateurs des occupants nazis que les Anglais sortent pour cela des prisons.
Ce plan de liquidation de la Résistance grecque était programmé depuis 1943.
Il marque le début de « la Guerre froide » en Europe et enterre une expérience originale de pouvoir populaire autogestionnaire: « la laocratie » (λαοκρατία).
C’est cette page d’Histoire, souvent ignorée en France, que j’ai abordée à Nice dans la conférence donnée dans le cadre des « Amis de la Liberté ».