Considéré comme tous les pays des Amériques centrale et du Sud comme l’arrière-cour des Etats-Unis, le Pérou, avec ses plus de 33 millions d’habitants vient de donner une leçon de souveraineté nationale et de dignité.
A l’issue des élections présidentielles des et , c’est un simple instituteur José Pedro Castillo Terrones soutenu par le parti « Peru libre » -parti marxiste-léniniste-mariatéguiste (du nom du philosophe et homme d’action fondateur en 1928 du Parti Communiste du Pérou: Jose Carlos Mariategui) qui a mis en échec l’Empire et sa candidate l’affairiste en instance de jugement pour « blanchiment, appartenance au crime organisé, entrave à la justice et fausses déclarations » Keiko Fujimori , dont le père ancien Président de la République purge une peine de prison de 25 ans pour crimes contre l’humanité – entre autres la stérilisation forcée des femmes indigènes- auxquels se sont ajoutés huit années pour corruption.
José Pedro Castillo Terrones et le parti « Peru libre » l’ont emporté, malgré les énormes pressions et ingérences multiformes aussi bien économiques que politiques étasuniennes.
La leçon est valable non seulement pour les Péruviens et les Latino-américains, mais pour tous les peuples du monde.
Car si la victoire est politique, elle est aussi morale, éthique, comme en témoigne cette très belle affiche de campagne qui parlera à toutes les femmes et les hommes qui « s’honorent du nom de Citoyen » pour reprendre le bandeau de l’une des fresques révolutionnaires de la Villa Fragonard à Grasse, à tous ceux qui pensent que la peur, les pressions, la corruption sont les ennemis de toute vie démocratique.
L’affiche dit tout simplement: « Quand meurt la peur, la liberté naît ».
En 1933, lorsqu’Hitler arriva au pouvoir, le chef d’état-major général de la Reichswehr, le Général Kurt von Hammerstein qui était issu d’une grande famille prussienne et dont les enfants allaient ensuite s’illustrer au péril de leur vie dans la Résistance allemande antinazie, démissionna de ses hautes et prestigieuses fonctions.
Jusqu’à sa mort, il refusa de serrer la main d’Hitler.
Dans son très beau livre: « Hammerstein ou L’intransigeance » (Ed Gallimard, Folio) l’écrivain allemand Hans Magnus Enzensberger rappelle que c’est par ses mots: «La peur n’est pas une vision du monde» que Kurt von Hammerstein définit dès l’arrivée des nazis au pouvoir sa ligne de conduite et celle de sa famille.
A près de 90 années d’écart, l’affiche du petit instituteur de « Peru Libre » résonne comme un écho à la phrase et à l’immense acte de courage de l’aristocrate prussien Kurt von Hammerstein.
Puissent ces exemples inspirer à chacun(e), ailleurs et ici, le courage de ses opinions, de ses combats, la dignité de Citoyen(ne) !