FOGGIA (POUILLES): DE L’ESCLAVAGE A LA DIGNITE DU COOPERATEUR-PRODUCTEUR



Sous le titre « Le ghetto des immigrés de Rignano Garcanico, des milliers d’Africains, esclaves des temps modernes, s’entassent dans un bidonville », Olivier Rosseri écrivait dans « les Echos » du 29 août 2016 :
« Et si le Christ ne s’était pas arrêté à Eboli mais à Rignano Garcanico ? Sur le territoire de cette commune de la province de Foggia, dans les Pouilles, a surgi un bidonville. Il « Gran Ghetto », dont les amas de tôles, de morceaux de bois et de bâches en plastique abritent habituellement 2 500 personnes, selon la préfecture, mais près de 5.000 cet été d’après les volontaires de la Caritas. Dans leur écrasante majorité, africains – Sénégalais, Togolais, Nigérians, Maliens. A quelques kilomètres à peine du coeur du boom touristique italien en cette saison 2016 s’entassent les bras qui serviront à la saison du ramassage des tomates. Des bras qui sont impitoyablement exploités sans pouvoir bénéficier des droits sociaux élémentaires ou des conditions d’hygiène indispensables.
Ils sont entre les mains des organisations criminelles qui ont donné un nom à cette forme d’esclavage moderne : le capolarato
… »

Cinq ans plus tard, ces damnés de la Terre se sont organisés et avec l’aide d’associations antimafias et de la Région des Pouilles ont créé le Centre T. Sankara et sont devenus producteurs coopérateurs de conserves de tomates vendues dans toute la chaine des magasins Coop.
Le 19 février 2021, les quotidiens « Corriere della Sera » et« Corriere del Mezzogiorno » publiaient un article qui décrit ce combat victorieux pour la dignité qui est aussi une très belle aventure de solidarité exemplaire.

Article de Michele Pennetti traduit de l’italien par Giulia Colace.  



FOGGIA, D’ESCLAVES A PRODUCTEURS DE TOMATES PELEES: LE RACHAT DES IMMIGRES QUI ONT DEFIE LA MAFIA DES « CAPORALI »
(les patrons mafieux pourvoyeurs de main d’oeuvre)

Le rêve de Mbaye et de ses frères

Cultivées sur 14 hectares, il est indéniable que ces tomates ont un goût différent.
Elles exhalent le caractère excellent de l’initiative promue par Coop Alleanza 3.0 et Legacoop Puglia qui, ensemble, soutiennent la start-up éthique de Foggia qui a vu le jour il y a quatre ans.
Elles respirent le désir de légalité qui animait les rebelles du ghetto dirigé par le Sénégalais Mbaye Ndiaye, ceux-là mêmes qui aujourd’hui gèrent « leur » ferme de façon indépendante et vivent à la Casa Sankara avec leurs familles.
Elles résument le succès (et la beauté) du projet de Stefano Fumarulo, chef de l’antimafia local, un projet fortement soutenu par Michele Emiliano à la Région, mort en 2017 à l’âge de 38 ans d’un malaise soudain dans le garage de sa maison à Bari.
« La chaîne vertueuse née à San Severo est une pièce qui s’ajoute au modèle de société inclusive auquel Stefano lui-même aspirait », déclare Carmelo Rollo, président de Legacoop Puglia. « C’est le témoignage – poursuit-il – de ce qui se passe lorsque le système coopératif se met à la disposition du territoire et crée une valeur incontestable pour tous. La Capitanata, longtemps identifiée comme une vermine de l’arbitraire et des violations, devient un lieu de rédemption grâce au soutien clairvoyant de la Région ».

Les tomates de Casa Sankara, l’entreprise dirigée à San Severo (Pouilles) par des travailleurs de onze nationalités africaines, sont en vente à partir d’aujourd’hui dans tous les supermarchés et hypermarchés Coop italiens.

D’esclaves à producteurs de tomates. De clandestins des campagnes à protagonistes d’une chaîne d’approvisionnement, qui prévoit d’abord le respect des règlements. De victimes à concurrents des « caporali ». Ces centaines de migrants de onze nationalités africaines qui vivent à Casa Sankara, un énorme hangar rénové à San Severo par la Région pour effacer la honte du bidonville de Rignano Garganico, voient leur rêve enfin réalisé.

À partir d’aujourd’hui, dans les rayons des supermarchés et de l’hyper Coop Alleanza 3.0 de toute l’Italie, apparaîtront les boîtes de tomates pelées collectées par les travailleurs de l’association « Ghetto Out – Casa Sankara » et mises en conserve en paquets de 400 grammes avec l’étiquette Riaccolto – La Terra della Libertà.
En réalité, l’étiquette indique R’Accolto. Mais il faut lire riaccolto, parce que cette apostrophe symbolise un « i » minuscule, invisible comme l’étaient les citoyens non européens entassés à Rignano, qui vivaient dans des conditions inhumaines, exploités par les seigneurs (pour ainsi dire) de la terre.

La rencontre avec Coop Alleanza 3.0 et Legacoop Puglia

Les membres et les consommateurs des supermarchés et hypermarchés Coop achèteront les tomates pelées Riaccolto à un prix spécial, supérieur à la moyenne par rapport à des produits similaires. L’objectif est de contribuer à la croissance de l’association « Ghetto Out » qui s’occupe de la production.
De plus, en partageant sur les réseaux sociaux l’achat avec le hashtag #CasaSankara et en taguant Coop Alleanza 3.0, chacun pourra témoigner de son choix éthique depuis ce matin.

« Avec cette campagne, nous voulons sensibiliser nos clients, mais aussi toutes les parties concernées, à prendre en charge la question de l’illégalité, ses causes et ses conséquences », déclare Mario Cifiello, président de Coop Alleanza 3.0. « Le risque que nous courons, surtout en ces temps de pandémie, est que la « mauvaise » entreprise chasse la bonne et que la recherche du prix le plus bas efface les droits des gens. Les tomates cultivées à San Severo – dit Cifiello – sont la démonstration qu’une autre économie, une autre façon de comprendre les choix des consommateurs est possible.
Une histoire de rédemption sociale et de véritable rébellion contre le « caporalato ». Une preuve d’accueil sincère qui est aussi bonne pour le cœur.



2 Responses to FOGGIA (POUILLES): DE L’ESCLAVAGE A LA DIGNITE DU COOPERATEUR-PRODUCTEUR

  1. Lalia KALLOUCHE dit :

    Bonjour monsieur,

    je voudrais vous contacter par mail afin de vous exposer une problématique en particulier, je vous remercie de votre réponse

  2. KALLOUCHE Lalia dit :

    Monsieur,

    Je vous remercie pour la sincèrité de vos engagements ;
    vous êtes une personne honnête qui tiens parole lorsqu’il s’agit d’aider vos administrés ;

    bien cordialement

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